Le 24 février, Brigitte Bardot, figure emblématique de ce que l’on a pris l’habitude de nommer « la Protection Animale » en France, s’est hélas une nouvelle fois distinguée par une prise de position oppressive lors d’un entretien diffusé sur les ondes de la radio Europe 1.
Cette fois, ce sont les animaux et leurs droits fondamentaux qui sont visés par une déclaration publique attaquant le véganisme.
Disons le de suite : pour nous le véganisme est un impératif fondamental. Le minimum à faire pour les animaux, si l’on estime que ceux-ci comptent moralement et ont un intérêt à mener leur existence propre sans être ni exploités, ni torturés, ni tués. Ce n’est pas la fin de toute chose, mais l’alpha sur lequel doit reposer tout mouvement pour les droits des animaux digne de ce nom. Il est incohérent de vouloir défendre les intérêts des animaux d’un côté, et de payer des personnes pour exploiter et tuer ces mêmes animaux de l’autre côté. C’est incohérent, et profondément injuste. C’est aussi totalement contre-productif. Il s’agit là d’une question de logique, de simple « bon sens »… et de respect pour les animaux que l’on déclare défendre.
Cette incohérence nous la rencontrons tous les jours au sein d’une société spéciste où l’utilisation des animaux est la règle et le véganisme l’exception. Le non-véganisme de Brigitte Bardot n’est pas une révélation. Mais ce qui est choquant c’est sa parole publique qui prend clairement position contre le véganisme. C’est choquant pour les véganes qui chaque jour font en sorte de mettre en accord leurs actes et leurs convictions. Mais c’est encore plus choquant pour les innombrables victimes animales du non-véganisme, y compris de celui de Brigitte Bardot. Ça l’est parce que contrairement à de nombreuses personnes non-véganes, Brigitte Bardot a en main tous les éléments et tous les contacts lui permettant d’être bien informée sur les nombreuses facettes de l’exploitation animale. Et qu’elle les a en main non pas depuis quelques jours, mais depuis de longues années. On pourrait comprendre que des contraintes nutritionnelles ou des troubles du comportement alimentaire l’obligent à consommer certains aliments dont elle voudrait sincèrement se passer. Mais ses déclarations ne mettent pas en avant une impossibilité à devenir végane, elles énoncent un refus clair d’arrêter de consommer les produits issus de l’usage et de la mort de ceux qu’elle prétend défendre. Un refus qui se fait public et prosélyte.
Mais, si cela est choquant et profondément irrespectueux de l’existence des victimes du non-véganisme, est-ce pour autant une surprise ?
On doit reconnaître que non. Les nombreuses prises de position oppressives de Brigitte Bardot à l’encontre des humain.e.s, et les précédents à l’encontre des animaux (le spécisme des campagnes dénonçant la « viande de cheval » sans voir de problème à massacrer par millions les bovins et les autres animaux que la hiérarchisation des espèces condamne à passer après les chouchous de la protection animale…) ont déjà ouvert la voie.
« J’ai besoin de vous : aidez-moi à obtenir l’abolition de l’hippophagie. Tous les chevaux méritent notre respect et notre reconnaissance. Le cheval est un animal noble, digne, qui ne doit pas finir en steak et en lasagnes dans l’indifférence. Alors, ne mangez plus de cheval! « (Message radio)
Cela ne signifie pas que Brigitte Bardot (à titre personnel ou via sa Fondation) n’a jamais apporté quoi que ce soit de bien aux animaux. Bien sûr que non. Mais l’impact et le tort causé par de multiples déclarations doivent nous démontrer que le mouvement pour les droits des animaux, s’il en est un, doit radicalement prendre ses distances, et plus que cela, mettre en avant tout ce qui le différencie profondément d’un milieu spéciste, qui n’a pas de gêne particulière avec le racisme, l’homophobie ou le sexisme (voire pire…), et – pour en revenir au véganisme strict – qui pour qui le véganisme est soit une option (recommandable ou non..), soit un engagement à dénigrer.
Il ne s’agit pas ici de dire que Brigitte Bardot c’est le mal et que tout s’arrête à ses déclarations ou ses campagnes. Ses récentes déclarations reflètent le spécisme intrinsèque des positions non-véganes (voire anti-véganes) et non-abolitionnistes. Ce type d’opinion est partagé, et répandu. C’est à toutes les personnes qui défendent les droits fondamentaux des animaux d’en tenir compte et d’être claires sur le fait que l’abolitionnisme n’a rien à voir avec tout cela.
Dans son entretien radio sur Europe 1, Brigitte Bardot déplore le manque de résultats de ses campagnes depuis 45 ans. Nous déplorons nous aussi chaque jour l’augmentation du nombre des victimes du non-véganisme et la multiplication des méthodes mises en œuvre pour les exploiter. Peut-être que si tout ce qui se présente comme « défense des animaux » mettait son énergie à promouvoir le véganisme en tant qu’impératif fondamental, et évitait de contribuer au renforcement du spécisme via des campagnes ciblées ou des réformes de « bien-être » donnant bonne conscience aux consommateurs, nous pourrions voir enfin émerger du chaos un véritable mouvement populaire pour les droits des animaux ? Et peut-être que si, de plus, ce mouvement ne venait pas perpétuer des schémas oppressifs racistes, sexistes, homophobes, capacitistes, il serait à même de rassembler plus de personnes encore ?
(Et si des proches de Brigitte Bardot lisent ce billet, s’il vous plaît parlez lui encore et encore des désastres de la consommation de produits animaux, et des innombrables victimes innocentes de ces filières, ça aidera beaucoup la cause que vous défendez. Du moins on l’espère.)
~ My Vegan Heart and Soul
Aïe…. !
K&M
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Madame Bardot ne sait pas que manger des oeufs provoque la mort de la quasi totalité des poussins mâles? Elle ne sait pas que la lait provoque la mort des veaux? Comment est il possible? Elle le sait naturellement, mais elle ne veux pas y renoncer.
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