Un nouveau documentaire sur les méthodes de l’élevage industriel connaît une diffusion importante depuis sa sortie. Il s’agît de Dominion, tourné en Australie, et dont une particularité technique consiste en l’usage de drones pour obtenir des vues aériennes d’élevage. Le documentaire cumule de très nombreuses scènes violentes, à l’instar de « Terriens/Earthlings« .
Nous reproduisons ci-dessous une voix critique à l’encontre de ce documentaire, celle de la militante abolitionniste espagnole Cristina Kuypers qui a visionné Dominion, et en a publié une critique sur le réseau social Facebook :
« Je viens juste de regarder Dominion.
Le documentaire ne dure pas moins de 2 heures, expliquant la brutalité et la cruauté de l’élevage industriel, et, alors que le spectateur est probablement en larmes sous le choc, bouleversé par la cruauté des actes, il déclare que « le traitement est sans importance ».
2 heures d’éleveurs frappant des animaux, les insultant, d’animaux les uns sur les autres, à déclarer que « l’animal est souvent toujours conscient quand on lui tranche la gorge », « les animaux meurent noyés dans l’eau bouillante », « leur peau est entaillée sans anesthésie », etc.
Et si cela n’était pas ainsi ? S’ils étaient anesthésiés ? Si on ne leur hurlait pas dessus ni les insultait ? Si ils n’étaient pas conscients quand on les égorge ?
L’anesthésie n’est pas le problème. Les cages surpeuplées ne sont pas le problème. Le non-étourdissement n’est pas le problème. Et pourtant le documentaire laisse à penser que oui.
Et de l’autre côté, il blâme l’industrie.
Il est dit que « ils mentent aux consommateurs, leur disant que les animaux ont reçu un traitement éthique avant qu’ils ne soient tués et qu’ils sont morts sans souffrir… mais ce n’est pas vrai ».
Et si cela était vrai ? Si ces animaux avaient vécu de belles vies ? Et s’ils étaient morts sans souffrir ? Est-ce que cela justifierait le fait de traiter ces animaux comme des ressources ?
Rien de nouveau sous le soleil. Absolument rien de nouveau. C’est « Terriens/Earthlings » en HD. Du vacarme welfariste.
Combien d’années devront encore s’écouler jusqu’à que nous commencions à dire clairement et intelligiblement que le traitement est dénué de pertinence ? Jusqu’à que nous arrêtions de partager des images qui implique que c’est le traitement qui compte, et commencions à déclarer clairement et sans confusion que les animaux ne nous appartiennent pas, qu’ils ne sont pas à nous et qu’ils ont le droit d vivre leurs vies sans être oppressés par les êtres humains ?
Combien de temps attendrons nous jusqu’à ce que nous arrêtions de trouver des excuses et arrêtions d’utiliser ce genre de matériel qui se concentre sur le traitement, tout en disant « si ça a marché pour moi, ça n’a pas d’importance si le message n’est pas clair » ?
Combien de temps encore ?
200 ans de plus ? »
Cristinia Kuypers pointe du doigt le problème commun à toutes ces images diffusées au nom d ela cause animal : les animaux sont exploités, torturés et tués parce que nous les considérons comme des biens de propriété et des ressources à notre disposition. Se concentrer sur les méthodes mises en oeuvre ne remet pas en cause le fait même de les utiliser. C’est là le coeur du welfarisme qui constitue la norme sociale dominante conditionnant notre vision des animaux depuis 2 siècles. Ce que l’abolitionnisme remet en cause, ce n’est pas le caractère plus ou moins cruel de telle méthode, ou de telle forme d’élevage (industriel ou pas), c’est le fait même de considréré et utiliser les animaux comme des ressources, c’est l’absence de reconnaissance de leurs droits les plus fondamentaux.