(Traduction de « Aspiring to Act Justly and Fairly Is Not ‘Sh*t' », de Gary L. Francione)
Quelqu’un m’a envoyé ceci comme l’un des nombreux exemples de soi-disant « défenseurs des animaux » opportunistes qui se précipitent dans une course folle pour dire que l’exploitation animale est vraiment acceptable tandis qu’ils tendent la main pour recevoir des dons :
Imaginez que quelqu’un dise : « La plupart du temps, je ne suis pas un fanatique. Mais je ne suis pas parfait et je me livre parfois à des actions qui sont légales mais qui nuisent aux autres et qui sont motivées par mon animosité raciste parce que j’y prends plaisir ».
Imaginez que quelqu’un dise : »Oui, je suis un fanatique. Mais je suis un fanatique réductionniste. Je réduis mon comportement raciste ici et là. Par exemple, je ne raconte pas de blagues racistes le lundi avant 18 heures. »
Serait-on prêt à dire : « Mesdames et Messieurs les militant-e-s des droits civils, nous devons surmonter cette « m***e 100% parfaite », et à affirmer qu’il est parfaitement normal de s’engager délibérément dans une conduite raciste, et qu’il suffit de surmonter cette « m***e » qui consiste à associer le concept de droits civils à l’égalité » ?
Bien sûr que non.
Imaginez que quelqu’un dise : « La plupart du temps, je n’ai pas de comportement sexiste. Mais je ne suis pas parfait et il m’arrive d’avoir un comportement qui est légal mais qui nuit aux femmes parce que, eh bien, j’apprécie un peu de misogynie de temps en temps ».
Imaginez que quelqu’un dise : « Oui, je suis sexiste. Mais je suis un sexiste réductionniste. Je réduis mon comportement sexiste ici et là. Par exemple, le lundi, avant 18 heures, je ne raconte pas de blagues misogynes qui ont pour point d’orgue une forme de violence sexuelle envers les femmes ».
Dirions-nous : « Militant-e-s des droits des femmes, nous devons dépasser cette « m***e 100% parfaite » et soutenir qu’il est parfaitement normal de s’engager délibérément dans une conduite sexiste, et que nous devons dépasser cette « m***e » sur l’association du concept de féminisme radical avec le rejet de la misogynie ?
Bien sûr que non.
Dans les deux cas – dans *tous* les cas impliquant les droits fondamentaux humains – nous serions clair-e-s : nous dirions « Vous devez réfléchir plus sérieusement à la justice et à l’équité fondamentale. Vous devez reconnaître que la justice exige que vous ne nuisiez pas délibérément aux autres de cette manière ».
Mais, excuser l’exploitation – et même la célébrer comme une sorte de vertu – est l’approche de certains « défenseurs des animaux » opportunistes lorsqu’il s’agit d’animaux. C’est triste. C’est intellectuellement nul. Et c’est nettement spéciste. Ces « défenseurs des animaux » approuvent des actions qui impliquent d’imposer souffrance et mort aux animaux.
Parlez toujours avec les gens de manière non violente et rappelez-vous que votre objectif est d’éduquer et non de juger les gens (par opposition aux actions, pratiques et institutions). C’est très important.
Mais il est également important que nous reconnaissions que la justice exige que nous soyons toujours clair-e-s sur le fait que nous avons l’obligation morale de ne pas nous engager dans la brutalisation des personnes vulnérables. Les personnes qui se soucient de la justice ne devraient jamais approuver cette brutalisation.
Et l’affirmation que nous entendons souvent selon laquelle aucun d’entre nous ne peut être « parfaitement » végane parce que, par exemple, des animaux sont tués involontairement lors des récoltes agricoles est, comme toute cette histoire, vide de sens sur le plan intellectuel et en faillite sur le plan moral. Par exemple, presque tous les produits que nous consommons impliquent un processus au cours duquel des êtres humains sont involontairement blessés et parfois même tués. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de différence entre d’un côté les morts involontaires qui surviennent au cours du processus de fabrication et de l’autre côté le meurtre délibéré d’êtres humains et l’approbation de ce meurtre – voire son éloge comme une chose socialement souhaitable.
Le but principal de la foule des promoteurs du welfarisme et de l' »exploitation heureuse » est de faire en sorte que les gens se sentent à l’aise pour continuer à exploiter les animaux. Cela garantit qu’ils recevront des dons afin de pouvoir être des « activistes » professionnels qui vous demandent de contribuer avec l’argent que vous gagnez à votre propre travail afin qu’ils puissent exercer le « travail » d’être des « activistes » professionnels qui compromettent les intérêts des animaux et rejettent le véganisme comme base morale, et qui se canonisent eux-mêmes ensuite comme des héros « pour les animaux ». C’est révoltant et c’est malhonnête. Soutenir ces personnes de quelque manière que ce soit, c’est soutenir l’exploitation des animaux.
La personne qui a écrit l’essai qui m’a été envoyé ce matin n’est pas végane et rejette explicitement le véganisme en tant qu’impératif moral. La « m***e », c’est des non-véganes qui nous font la leçon sur le véganisme et tendent ensuite la main pour recevoir un don.
~ Gary L. Francione