Le welfarisme (de l’anglais « welfare » : « bien-être ») est l’idéologie qui domine nos rapports avec les animaux. Cette idéologie dont la position est très largement partagée considère qu’il n’y a pas de problème intrinsèque à utiliser les animaux, qu’il peut être acceptable de les tuer, mais que nous devons faire en sorte que les méthodes utilisées pour ce faire ne causent pas de « souffrances inutiles ». A ce titre, le welfarisme ne remet pas en cause le fait d’utiliser et considérer les animaux comme des ressources à notre disposition mais se focalise uniquement sur la manière dont nous les traitons.
Il s’agit de la vision de la relation entre les humain.e.s et les animaux qui est la plus répandue dans notre société : tout le monde (ou presque…) est d’accord pour dire qu’il faut faire en sorte d’éviter des souffrances inutiles aux animaux et que si nous pouvons procéder ainsi alors il n’y a pas de problème à continuer à les utiliser. Bien sûr, le curseur de la « souffrance inutile » ne se positionne pas au même niveau selon les personnes : un chasseur ne l’applique pas aux mêmes situations qu’un boucher, ou qu’un amateur de corrida, ou qu’une personne militant contre le marché aux chiens de Yulin, ou que votre voisin-e préparant son repas dominical. Mais pourtant, toutes ces personnes seront d’accord pour estimer qu’il est normal d’utiliser les animaux et que quand cela est possible il faut faire en sorte de ne pas leur occasionner de souffrance inutile, les utiliser « humainement ».
Depuis que nous avons abandonné l’idée que les animaux nonhumains n’étaient plus ou moins que des machines (l’Animal-Machine de Descartes) et que nous admettons qu’ils puissent éprouver douleur ou plaisir, le welfarisme s’est imposé et est devenu un pilier sur lequel repose le maintien de l’exploitation animale. Non seulement il permet à la majorité des personnes (pourtant souvent naturellement sensibles à la condition animale) d’éviter de remettre en cause leur participation directe à l’exploitation des animaux, mais en s’organisant de manière militante sous la forme d’associations se revendiquant de la cause animale, il conduit à engloutir dans un gouffre sans fond des générations entières d’énergies militantes sincères dont le temps, la force et l’argent sont utilisés pour promouvoir une vision qui entérine et consolide le fait d’utiliser les animaux.
La position welfariste est évidemment et totalement spéciste puisqu’elle mène à accepter pour les animaux une situation que nous jugerions absolument inacceptable et condamnable si des humain.e.s étaient concerné.e.s. Les intérêts des animaux ne sont aucunement traités de manière similaire aux intérêts humains. Bien au contraire, leur situation profondément injuste est maintenue et les approches différentes et radicales se voient taxées d’ »extrémistes », d’ »absolutistes » ou d’ »utopistes » afin d’en écarter au maximum les personnes pourtant sincèrement désireuses de mettre fin à l’oppression dont les animaux nonhumains sont les victimes par dizaines de milliards chaque année.
Le welfarisme et les organisations qui en font la promotion ne sont en aucun cas une partie de la solution ; ils font partie du problème !